Je lis. Je lis. Je lis. Je me noie dans les romans. Prendre les mots des autres, jusqu’à ras bord.
L'impression d'être bloqué en dedans, paralysé, sans élan. Recul sur soi en
sourdine. Jusqu’à devenir sourd. Ne pas savoir ce qu'il faut penser. Ne pas
savoir s’il faut penser. Savoir, ou se persuader, que penser c’est le chemin vers le Mal. Savoir
que « c’est au printemps que je sombre ». Ne pas être triste, trop
triste au moins. Se forcer à ne pas penser, sans même le faire exprès. Ce n’est
pas se forcer en fait, ça vient de l’intérieur. Fuite intrinsèque de ma pensée.
Partir à Montpellier comme ça. Un peu d’évasion, ou de fuite. Répondre à …,
comme ça. Ecouter Deportivo fort, très fort, comme ça. Comme porter des œillères.
Pas de son, pas d'image, pas de pensée. Du moins, propres. Propres, de propre à soi.
Remplir. De sons. De mots. Pas les miens. Pas ceux de l’intérieur.
Ils sont inaudibles.
Rétention auto-entretenue d’information. Entropie maximale. Merci
Aurélien Bellanger. Un mot nouveau dans le vocabulaire. Mot qui reste
impénétrable quand même. Ou dont j’entretiens la méconnaissance. Comme je m’évertue
à me méconnaître. Ce que je veux. Ce qu’il faut, être ou faire. Doit-on savoir
ce qu’il faut être ou faire ? S’assumer. Même si c’est pas dans les plans.
Ou assumer sa connerie, sa peur, sa perversion. Assumer d’avoir envie de rire.
Assumer d’avoir la pêche physiquement. Assumer d’être seul. Même si c’était pas
dans les plans. Ou si ça avait trop été dans les plans. Réminiscence d’adolescence, où
vraiment je sentais que j’étais pas « dans les plans ».
Il est tard, déjà. Demain il sera encore plus tard. Les années n’attendent
pas pour passer.
Mourir en jouissant. Vivre pour jouir. Libre et indépendant. Ivre
et pédant. On aura « eu mieux que du chagrin, on rentre, on rentre ».
On aura eu du chagrin. On l’aura fui. On l’aura dépassé par ce qui est, un
temps, des temps, mieux que du chagrin. A la fin il restera les rires, les
doutes, les regrets, les remords, la solitude. Et du chagrin sûrement. Et des
rides. Et un air vieilli. Et des tissus nécrosés.
Et une jolie nostalgie, une tristesse drôle. De ça on ne tirera
rien. De ce billet de blog. De la vie. On ne tirera rien. On ne se changera
pas. Accepter. S’accepter.
Bande-son : Pigeon John, Dragon slayer (2010) ; Thomas B., Shoot (2014)