Dans notre société ultra consumériste, la question de la gestion des
déchets de toutes sortes occupe de manière grandissante une place essentielle. Résidus
nucléaires, emballages de la consommation courante, rejets chimiques dangereux,
mais aussi déchets du BTP, dits déchets inertes. Une question à saisir au plus
tôt, sans quoi nous finirons par littéralement crouler sous ces immondices.
Les déchets inertes sont principalement stockés en centre
d’enfouissement technique ; dans d’autres cas, ils sont réutilisés comme
matériau de remblai ou recyclés sous forme de granulats calibrés.
Une législation floue et largement contournée (corruption, centres
d'enfouissement illégaux, contrôle insuffisant des déchets recueillis) permet
des dérives graves dans ce domaine.
Premier exemple : le cas bien connu de la décharge illégale de
Limeil-Brévannes (94). Depuis 2002 et jusqu'en 2010, une montagne s'était peu à
peu élevée en voisinage des habitations : 150 000 m3 de déchets industriels,
qui s'étendaient sur 25 m de haut et 200 m de long. A l'automne dernier le tas
s'était enflammé. Les eaux ayant servi à circonscrire les départs de feu,
chargé de sulfure d'hydrogène, potentiellement mortel, s'étaient répandues dans
les sols.
Aujourd'hui presque rase, la "montagne" aurait coûté 14
millions d'Euros à l’État pour son déblaiement. Au total, 900 m3 d’ordures
amiantées, ont été trouvées.
Un bilan de l'affaire sous forme d'un communiqué de l'association France
Nature Environnement à lire ici.
Autre exemple où la légalité et la responsabilité sont bafouées :
dans le Sud-Est de la France, en particulier dans le Var, des vallées entières
sont comblées de gravats parmi lesquels se mêlent plastique, bidons d’huile,
etc…, déchargés par des défilés de camions en provenance des chantiers BTP
alentours.
Les entreprises pollueuses s’exonèrent de leur obligation de passer par
des centres de traitement officiels, car les décharges non déclarées leur
permettent d’énormes économies, et un contrôle inexistant du contenu rejeté.
Les propriétaires des terrains profitent eux d’une impressionnante manne
financière en monnayant leur « service ». Dans le but éventuel de
rendre constructibles des terrains non constructibles, une fois
« aplanis ». Tout cela couvert par des maires complaisants.
Les incidences sont évidentes : glissements de terrain, coulées de
boue, transfert des détritus vers des zones protégés, contamination des sols et
des eaux, paysages massacrés…
Le respect des procédés légaux en vigueur n’empêche pas la dégradation
de l’environnement. La Seine et Marne et le Val de Marne voient leurs paysages
se parsemer de véritables terrils constitués des déchets issus du BTP. Ces
départements collectent à eux seuls quasiment tous les déchets destinés à
l'enfouissement en provenance d'Île de France. 38 installations de stockage des
déchets non dangereux (centres d’enfouissement technique de classe II) y sont
déjà répertoriées (données Cour des Comptes),
et d'autres demandes sont en cours.
Il est hallucinant que notre mode de vie nous conduise à modifier profondément
les reliefs qui nous entourent !
Source : Bakchich.info, leparisien.fr, usinenouvelle.com, lemoniteur.fr, lefigaro.fr.
Plus généralement sur la thématique consommation / gaspillage /
pollution, voir le reportage « Prêt à jeter », diffusé sur Arte en
janvier et visible en entier via l'incrustation Youtube ci-dessous. Évocation passionnante autant que désolante de la notion
d’obsolescence programmée, et de ces incidences en terme de gestion des déchets
à l’échelle mondiale.