Incipit

A l'approche de mes 30 ans, je cèderais volontiers à la tentation de l'examen intime de mon moi, en quête d'une auto-thérapie salutaire. Mais l'exercice serait un peu vain et mégalo. Pour qu'il puisse s'adresser à vous tous aussi, je souhaite transférer les enjeux de mon questionnement personnel à notre contexte actuel global.
Entre le rêve et l'échec, ou quand, en politique comme en amour, la déception semble être l'inévitable issue...
Rassurez-vous, pas de pessimisme absolu en guise de ligne éditoriale, mais plutôt des variations autour des thèmes suivants : dépit / renouveau / trentenaire / conscience politique / résignation / colère / écologie / révolte / rock / partage / émotion / sourire / échec / (re)construction…

lundi 19 septembre 2011

Decroissance ?

Partant du constat qu'on ne peut concevoir "une croissance infinie dans un monde fini", de nombreux théoriciens de l'écologie politique avancent l'idée de la décroissance. C'est l'opinion selon laquelle il faut se désengager du principe de croissance économique comme unique voie du salut de l'Être Humain. Et opter, à titre individuel et collectif (quelle gageure me direz-vous !), pour des comportements plus sobres et plus simples en tant que consommateurs, pour des politiques anti-consuméristes et anti-productivistes à l'échelle mondiale.

Car en effet, pour croître toujours plus, il faut consommer toujours plus. Or nos ressources sont limitées : il resteraient au rythme de consommation actuel, 41 années de réserve de pétrole, 70 années de gaz, 55 années d'uranium (sources respectives : Statistical review of world energy, Gaz de France, Commission des communautés européennes). Même si ces chiffres peuvent être sujet à débat, et les estimations évoluer en fonction de telle ou telle découvertes de gisement, il est évident que que nous approchons de l'épuisement de ces différentes sources d'énergie. On peut retarder l'échéance en tablant sur d'autres ressources fossiles (gaz de schiste), au prix de nouvelles dégradations de l'environnement. Les sources alternatives sont à l'heure actuelle inefficientes ou inopérantes. Les agrocarburants sont gourmands en sols agraires : ils accélèrent la déforestation et privent les populations de surfaces cultivables. L'éolien, le solaire, etc... fournissent une énergie difficile à stocker et intermittente. D'où l'importance d'aiguiller dès maintenant les investissements vers le développement technologique de ces solutions. Mais il est probable que cela ne suffise pas. Ayons en tête qu'une minorité de la population planétaire (nous, les riches) consomme la majorité des ressources naturelles (grosso modo 20% / 80%) disponibles. Considérons qu'il est bien naturel et compréhensible que les habitants des pays en voie de développement souhaitent voir leur niveau de vie s'aligner sur celui des "occidentaux". Vous admettrez que l'équation est intenable.

Alors ? La solution est-elle de diminuer drastiquement consommation et production ? Réduire nos besoins ? Autrement dit, entrer en décroissance. Le mot fait écho chez les sceptiques aux notions de retour à l'âge de pierre et de refus du progrès. Il est clair que le seul exemple de décroissance existant, la Russie, est peu engageant. Passé du statut d'une économie de superpuissance à celui d'une économie de survivance, le pays s'est certes désindustrialisé et a réduit ses émissions de gaz à effet de serre, mais à quel prix : crise sociologique (violence, alcoolémie, xénophobie) et crise démographique (selon l'agence des statistiques russes, Rosstat, le pays ne comptera plus que 127 millions d'habitants d'ici à 2031, contre quasiment 150 millions dans les années 90). 

Pour ses promoteurs, le décroissance devra être douce, concertée, soutenable, durable. Autant dire inatteignable eu égard à notre égoïsme individuel : pris dans le tourbillon consumériste, nous nous comportons comme dans un monde virtuel, sans nous soucier de l'impact de nos attitudes quotidiennes sur les ressources énergétiques et le dérèglement du climat. Saurons-nous accepter de vivre avec moins et différemment ? "Décoloniser notre imagination de la consommation" échevelée ?
Eu égard également aux enjeux financiers globaux, démocratiques, sociaux. Il faudrait ériger en cause internationale le partage entre pays riches et pays pauvres, la vision de l'humanité comme une et indivisible.

Je ne saurais dire si la décroissance est une utopie irréaliste ou l'évidence à suivre. Il faut en tout cas s'en inspirer pour remettre la nature au cœur de notre raisonnement, ignorée qu'elle est par le modèle capitaliste. Il faut en tout cas se poser des questions sur notre mode de vie perverti par le mythe de l'abondance. Il faut en tout cas que nous, individus, combattions pour responsabiliser la Politique et la contraindre à prendre les mesures qu'impose la survie des espaces naturels, de la biodiversité, de l'espèce humaine.

Inspiré par des documents issus de la Revue Agriculture environnement, du site internet decroissance.org et du professeur Yves-Marie Abraham.

3 commentaires:

  1. Ne pensez-vous pas qu'une forme de décroissance de fait est en train de se produire sous nos yeux ? C'est à nous d'en prendre conscience et d'apprendre à vivre avec et même mieux de la souhaiter pour qu'advienne une société plus "conviviale" comme dit Serge Latouche

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  2. Pas gagné, si on en croit d'autres auteurs qui réfléchissent sur le sujet : http://www.mouvements.info/La-decroissance-soutenable-face-a.html

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