Incipit

A l'approche de mes 30 ans, je cèderais volontiers à la tentation de l'examen intime de mon moi, en quête d'une auto-thérapie salutaire. Mais l'exercice serait un peu vain et mégalo. Pour qu'il puisse s'adresser à vous tous aussi, je souhaite transférer les enjeux de mon questionnement personnel à notre contexte actuel global.
Entre le rêve et l'échec, ou quand, en politique comme en amour, la déception semble être l'inévitable issue...
Rassurez-vous, pas de pessimisme absolu en guise de ligne éditoriale, mais plutôt des variations autour des thèmes suivants : dépit / renouveau / trentenaire / conscience politique / résignation / colère / écologie / révolte / rock / partage / émotion / sourire / échec / (re)construction…

mardi 6 septembre 2011

La dérive xénophobe

On le sait bien, les ressorts de la xénophobie tiennent dans l'angoisse d'un futur incertain, l'inquiétude face à des lendemains supposés difficiles, le manque d'armes (financières, culturelles, intellectuelles) pour appréhender un monde en mouvement. Sa traduction la plus basique est le repli sur soi, sur sa famille, sur sa communauté. L'Autre perçu comme une menace, comme le bouc émissaire, comme la cause évidente du déclin.
Voilà rapidement ce qu'il en est du mal et des ses effets. Le traitement est simple, même si c'est à désespérer qu'il donne un jour des résultats à grande échelle : l'ouverture aux autres, l'examen objectif des qualités et défauts de sa propre "communauté", l'éducation, les voyages, la curiosité d'esprit.

Le plus grave, à notre époque, est que ce sentiment soit exacerbé par des (ir)responsables politiques, pour des raisons idéologiques peut-être bien, pour des raisons électoralistes plus sûrement. Les exemples pullulent : dernier en date, la sortie du député UMP du Cantal affublant le vice-président EELV de la région IDF du doux sobriquet de "Coréen national" (le dit Coréen, Jean-Vincent Placé est né en Corée en 1968, adopté à l'âge de sept ans en 1975 par une famille normande, et de fait Français à part entière). Alain Marleix (le député) ne dépasse toutefois pas son maître Hortefeux et sa célèbre blagounette de 2009 sur les "Auvergnats" : "Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes". 

A l'image des membres du collectif de parlementaires UMP, La Droite Populaire, ils incarnent la frange droitière du parti présidentiel. Aile dure de la majorité, porteurs des "valeurs de droite", il est opportun de se demander s'ils sont le bras armé du parti sarkozyste en vue de séduire les électeurs "lepenisés"ou bien simplement l'expression de la nature profonde du navire UMP. Et même dans ce cas, leur activisme, cautionné par les responsables du parti, et partant, par le Président de la République issu de ses rangs, ne peut être toléré. Voilà une initiative qui en dit long sur le sens et la portée de ce mouvement : à l'occasion de la dernière fête nationale, certains de ces membres ont organisé, dans les murs de l'Assemblée nationale, un apéro "saucisson vin rouge". Une "fiesta" aux relents un poil abjects quand on se souvient que des apéros similaires avaient été lancés en 2010 par des groupes d'extrême-droite, et dont la signification était pour le coup sans ambiguïté, clairement raciste et provocatrice à l'égard de ceux d'entre nous qui ne consomment ni porc ni alcool. 
Pris séparément, ces faits peuvent (parfois) paraître anodins. Mis bout à bout, il est incontestable qu'ils créent un climat délétère.
Autre expression toute récente de rejet et de peur de l'autre : l'affrètement et l'escorte par la police d'une rame de tramway pour aider à l'évacuation d'un camp de Roms (voir cet article du monde d'Audrey Garric). Pas le temps ni la documentation pour traiter ici cette question des Roms, qui a pourtant fait l'objet l'été dernier d'une vilaine récupération par notre Président.

Hors de nos frontières, en Europe, on observe un peu partout une montée du racisme. Les situations choquantes se banalisent, et conduisent probablement à légitimer dans la tête de fanatiques les actes les plus odieux. Je pense à Anders Behring Breivik, cet extrémiste à la folie assumée qui a endeuillé la Norvège en juillet, pour avoir cru être un chevalier en croisade contre l'islamisation et la tendance au multiculturalisme dans son pays ! La Norvège, comme d'autres pays, a vu les thèses populistes et nationalistes gagner en audience ces dernières années : le Parti du Progrès, le plus à droite sur l'échiquier norvégien, a recueilli 22,9% des suffrages aux dernière élections parlementaires, en prônant la limitation de l'immigration au moyen d'expressions choc et de tracts polémique.



Attentat de Norvège : le débat politique évolue sur l'immigration
(02:27)








En Hongrie, le premier ministre conservateur Viktor Orban a mis la main sur les médias, brimant leur indépendance, et élaboré une nouvelle constitution jugé "anti-démocratique", provoquant l'inquiétude des dirigeants onusiens et européens.

Espérons que notre jeunesse, comme la Petite Poucette du philosophe Michel Serres (voir l'entretien dans Libération), aura "des amis musulmans, sud-américains, chinois, [qu']elle les fréquente[ra] en classe et sur Facebook, chez elle, partout dans le vaste monde. Pendant combien de temps lui fera-t-on encore chanter «qu’un sang impur abreuve nos sillons» ?"

Image de 24heuresactu.com

1 commentaire:

  1. Avec du saucisson d'âne ça passe d'abord... Par contre, j'ai pas trouvé pour le vin rouge :-/

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