Incipit

A l'approche de mes 30 ans, je cèderais volontiers à la tentation de l'examen intime de mon moi, en quête d'une auto-thérapie salutaire. Mais l'exercice serait un peu vain et mégalo. Pour qu'il puisse s'adresser à vous tous aussi, je souhaite transférer les enjeux de mon questionnement personnel à notre contexte actuel global.
Entre le rêve et l'échec, ou quand, en politique comme en amour, la déception semble être l'inévitable issue...
Rassurez-vous, pas de pessimisme absolu en guise de ligne éditoriale, mais plutôt des variations autour des thèmes suivants : dépit / renouveau / trentenaire / conscience politique / résignation / colère / écologie / révolte / rock / partage / émotion / sourire / échec / (re)construction…

dimanche 7 août 2011

Pourquoi et comment sortir de notre modèle alimentaire actuel

La part des dépenses en produits alimentaires a fondu de 24,7% en 1960 à 14,8% en 2005 (rapport de l'INSEE de 2009). Parmi les causes de cette baisse : l'augmentation du budget global des ménages français (et la baisse induite de la part alimentaire), mais également l'explosion des autres postes du budget total (logement, transports, téléphonie...). 
Il s'agit bien néanmoins d'un marqueur du profond changement de nos habitudes alimentaires, agissant au détriment de notre santé, à moyen et à long terme.
Une alimentation de qualité devrait être jugée comme un élément-clé de la santé et du bien-être humains. Or les logiques de rentabilité, productivité, efficacité ont perverti cet idéal jusqu'à un degré effrayant. A ce titre c'est toute la chaîne alimentaire qui doit être remise en question : depuis les modes de production jusqu'aux modes de consommation, en passant par les canaux de distribution.

 

Le modèle issu de la révolution agricole d'après-guerre, dont le but légitime fût de permettre l'autonomie française en terme de productions agricoles et de faire du secteur primaire un moteur du développement économique français, doit être aménagé, sinon transformé. Il faut aujourd'hui préserver nos ressources et sauvegarder la vie : 

  • stopper ou limiter l'utilisation des pesticides et engrais chimiques. Poisons qui se répandent dans les nappes phréatiques (empêchant les habitants de zones d'agriculture intensive de consommer l'eau du robinet), contaminent les fruits et légumes que nous mangeons, nuisent à la bio-diversité (disparition de familles de végétaux, mortalité élevée des abeilles).
  • aider à l'installation et au développement d'exploitations agricoles bio (coût élevé des terrains, rigueur des cahiers des charges, baisse du crédit d'impôts sur la loin de finances 2011) pour combler le retard français en la matière.
En terme de commercialisation des produits d'alimentation, le modèle actuel ne profite qu'à un seul des acteurs : la grande distribution. Comprimant les couts d'achats auprès des producteurs (de fruits et légumes notamment), usant de méthodes scandaleuses bien souvent médiatisées, elle incite à toujours plus de productivité, poussant ces derniers à travailler de longues heures sous pression, sans parvenir à vivre dignement de leur métier. Ce sont loin d'être les conditions rêvées pour produire bon et cela ne manque pas de conduire à des dérives productivistes : part excessive de médicaments dans l'alimentation des bêtes, concentration et mal-être animal, graines de céréales pré-enrobés de phytosanitaires, etc...
A l'autre extrémité, préservant ou accroissant ses marges quoiqu'il arrive, la grande distribution abusent des consommateurs pris en otage.
Du côté de la transformation, là aussi la logique de rentabilité prime : produits à haute teneur en sel ou en sucre pour cacher la médiocre qualité des ingrédients utilisés, gorgés de conservateurs (dont les parabènes, ayant des effets néfastes sur la fertilité et un potentiel cancérigène), graisse hydrogénée, colorants, exhausteurs de goûts et autres additifs mystérieux aux effets non maîtrisés.

La nourriture industrielle est largement suspectée d'être une menace pour l'Homme (risques cardiovasculaires, hormonaux, reproductifs). D'un point de vue sanitaire, il convient donc dans la mesure du possible, et souvent c'est possible, de privilégier le fait-maison et de limiter au minimum l'achat de produits transformés. Prendre le temps de cuisiner n'est pas irréaliste : vous mangerez mieux, vous aurez conscience de manger mieux et de vous faire du bien, et vous pourrez même faire des économies (il existe des recettes simples utilisant des produits simples, à combiner à l'infini). En cuisinant vous reprenez la main sur ce qui constitue le cœur de votre vie. Et ça peut même être relaxant ! 

Ce changement dans nos habitudes de consommation est fondamental pour notre santé et celles de nos enfants. Notre responsabilité est engagée : nous ne devons pas nous contenter de subir les diktats de lobbys et d'industriels puissants. Il faut se comporter en consom'acteurs pour faire bouger les choses et remettre l'humain au cœur de nos préoccupations, au centre du système production / transformation / distribution / nutrition.
D'un point de vue écologique, il est évidemment préférable d'opter pour le bio, au moins partiellement et selon ses moyens, d'autant que des supermarchés bio fleurissent un peu partout, et que les grandes surfaces classiques proposent désormais un panel plus étendu de produits bio qu'auparavant, à des prix abordables.
D'un point de vue développement durable, il judicieux de choisir des circuits d'approvisionnement courts (produits d'origine locale, plutôt qu'ayant fait le tour du monde pour arriver dans votre frigo) et des produits de saison. Des solutions existent :  

  • les AMAP (associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) sont destinées à favoriser l'agriculture paysanne et biologique en créant un lien direct entre paysans et consommateurs, qui s'engagent à acheter la production de celui-ci à un prix équitable et en payant par avance. 
  • les fermes ouvertes aux particuliers permettant d'y faire sa propre cueillette : en plus de passer un moment agréable, on peut y faire découvrir les fruits et légumes à ses enfants ! Des sites existent en région parisienne : ferme de Viltain (limite 91/78) ou ferme de Gally (78) par exemple).

N'étant ni scientifique ni économiste, j'ai essayé là de faire le bilan de ce qui me parait et m'a paru ahurissant dans le domaine l'alimentation au cours des récentes années. Tout cela me choque et je considère comme une nécessité de battre le rappel des bonnes pratiques. Bien sûr le sujet est vaste, et cette synthèse est fatalement incomplète. Je l'espère néanmoins informative et convaincante.
De nombreux sites web existent sur tous les sujets abordés ici : agriculture bio, OGM, risques sanitaires liés au effets des produits chimiques... Vous pourrez y trouver facilement les compléments d'information nécessaires.
Je vous invite également à lire ou relire "Le monde selon Monsanto" de Marie-Monique Robin, tour d'horizon édifiant de toutes les dérives évoquées plus haut.
 
Pour que l'expression "bon appétit" ne devienne pas une imprécation mortifère, agissons !

2 commentaires:

  1. J'ajouterais qu'une des raisons pour lesquelles on s'alimente moins bien est le manque de temps.
    Depuis toutes ces années, le temps alloué à la cuisine fond comme neige au soleil, car les femmes travaillent plus, que nous prenons plus de temps pour le boulot mais aussi les loisirs (sport après le boulot par exemple), et qu'il est devenu plus difficile de cuisiner.
    La solution toute trouvée est donc de se réfugier dans les plat préparés, ou surgelés...

    Regrettable, mais difficile de faire autrement avec nos vis modernes...

    RépondreSupprimer
  2. Difficile effectivement, mais pas impossible. La révolution c'est justement de changer de mode de fonctionnement et de reconsidérer nos priorités en fonction de ce qui est bon pour nous. Prendre plus de temps pour s'alimenter sainement, plutôt que de s'avachir devant l'émission débile de TF1 ou d'être happé par des réseaux sociaux chronophages. C'est peut-être aller au marché le dimanche matin acheter ses pommes avec les gosses, plutôt que de les prendre le samedi aprem à l'hypermarché bondé.

    RépondreSupprimer