Incipit

A l'approche de mes 30 ans, je cèderais volontiers à la tentation de l'examen intime de mon moi, en quête d'une auto-thérapie salutaire. Mais l'exercice serait un peu vain et mégalo. Pour qu'il puisse s'adresser à vous tous aussi, je souhaite transférer les enjeux de mon questionnement personnel à notre contexte actuel global.
Entre le rêve et l'échec, ou quand, en politique comme en amour, la déception semble être l'inévitable issue...
Rassurez-vous, pas de pessimisme absolu en guise de ligne éditoriale, mais plutôt des variations autour des thèmes suivants : dépit / renouveau / trentenaire / conscience politique / résignation / colère / écologie / révolte / rock / partage / émotion / sourire / échec / (re)construction…

lundi 3 octobre 2011

Accélération sur un transat

Tranquillement installé au soleil samedi après-midi, je lisais le n°51 de Philosophie Magazine (juillet/août, je sais j'ai du retard...). L'entretien avec le sociologue allemand Hartmut Rosa, en particulier la dernière réponse, fait écho à un passage d'un précédent article de ce blog sur la décroissance. Voilà comment m'est venue l'idée de cette rubrique littéraire, un peu inhabituelle ici.


"Dans la première phase de la modernité, il y avait une île dans l'océan, et vous deviez nager pour la rejoindre. Pour les Européens d'aujourd'hui, il n'y a plus d'île : il faut nager ou se noyer."

Né en 1965, Hartmut Rosa est un sociologue et philosophe, professeur à l’université Friedrich Schiller de Iéna en Allemagne. Il fait partie d’une nouvelle génération d’intellectuels travaillant dans le sillage de la Théorie critique. 
Il est l'auteur d'un livre sérieux et documenté : Accélération, Une critique sociale du temps. Parue en français en avril 2010 aux éditions La Découverte, cette étude magistrale, traduite dans le monde entier, examine la dissolution de la démocratie, des valeurs, de la réflexion, de notre identité, emportées par la vague de l'accélération. En voici la présentation officielle :

"L’expérience majeure de la modernité est celle de l’accélération. Nous le savons et l’éprouvons chaque jour : dans la société moderne, « tout devient toujours plus rapide ». Or le temps a longtemps été négligé dans les analyses des sciences sociales sur la modernité au profit des processus de rationalisation ou d’individualisation. C’est pourtant le temps et son accélération qui, aux yeux de Hartmut Rosa, permet de comprendre la dynamique de la modernité.
Pour ce faire, il livre dans cet ouvrage une théorie de l’accélération sociale, susceptible de penser ensemble l’accélération technique (celle des transports, de la communication, etc.), l’accélération du changement social (des styles de vie, des structures familiales, des affiliations politiques et religieuses) et l’accélération du rythme de vie, qui se manifeste par une expérience de stress et de manque de temps. La modernité tardive, à partir des années 1970, connaît une formidable poussée d’accélération dans ces trois dimensions. Au point qu’elle en vient à menacer le projet même de la modernité : dissolution des attentes et des identités, sentiment d’impuissance, « détemporalisation » de l’histoire et de la vie, etc. L’auteur montre que la désynchronisation des évolutions socioéconomiques et la dissolution de l’action politique font peser une grave menace sur la possibilité même du progrès social.
Marx et Engels affirmaient ainsi que le capitalisme contient intrinsèquement une tendance à « dissiper tout ce qui est stable et stagne ». Dans ce livre magistral, Hartmut Rosa prend toute la mesure de cette analyse pour construire une véritable « critique sociale du temps » susceptible de penser ensemble les transformations du temps, les changements sociaux et le devenir de l’individu et de son rapport au monde."


Pour aller plus loin : 
  • Entretien de Hartmut Rosa, dans le Monde Magazine du 29/08/2010
  • Critique de Pascal Michon, parue sur le site Internet Rhuthmos (plateforme internationale et transdisciplinaire de recherche sur les rythmes dans les sciences, les philosophies et les arts) en février 2011
Bonnes lectures ! 

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